Une chose est sûre, marcher sur une voie
ferrée, c’est vraiment pas évident. Faut toujours regarder où tu mets les pieds
sinon tu t’enfarges dans les rails ou dans les gros cailloux. Fred, il est capable de marcher en équilibre sur les rails en regardant droit devant lui, et il a l’air de
trouver que j’avance pas vite.
Faut
dire que je m’arrête souvent pour regarder partout autour, c’est vraiment un
coin de St-Jos que je ne connaissais pas du tout. Je m'étais jamais éloigné autant du village. Une fois passée la maison de Serge, la voie ferrée prend un
virage et on tombe en pleine nature, avec des gros caps d’un côté et le fleuve
de l’autre.
Et cet après-midi-là, il faisait tellement chaud que ça faisait chauffer les poutres qui sentaient fort le goudron et même les rails étaient aussi brûlantes qu'une poêle...
Quand je levais la tête rapidement, c'était surtout pour regarder entre les arbres pour être sûr qu'on n'était pas en train de se faire observer par des animaux sauvages... Maudit Gendron, il m’a mis plein d’idées
dans la tête avec ses histoires de carcajous, d’ours, de loups et de renards
enragés qui mangent les enfants quand on s'éloigne trop du village...
« Au moins, on a Cachou avec nous autres,
si jamais on se fait attaquer! » que je dis en pointant le Golden de Fred.
« Tu rêves! Faut pas trop compter sur
elle, elle serait la première à se sauver. Elle a peur même quand elle voit un
petit suisse » répond Fred.
Pendant un instant,
j’ai regretté de ne pas avoir apporté une arme, comme un sling-shot ou une hache, ou bien juste quelque chose pour faire du bruit et
faire fuir les animaux.
« On aurait dû t’accrocher une cloche à
vache dans le cou, y aurait eu moins de danger! » me dit Fred pour m’agacer.
Je sais qu’il pensait à Gendron qui apporte toujours une clochette dans son sac
quand il s’éloigne trop de la maison, et qui a tendance à parler fort pour
faire peur aux animaux avec sa petite voix aigüe et fatiguante. Mais moi, si j’étais
un ours, j’aurais sûrement envie de le bouffer pour qu’il se ferme la
trappe.
Pas longtemps après, on a vu un train qui tournait lentement le coin, tout au bout de la
voie. C'est un train de marchandise qui passe à tous les jours à peu près à la même heure. La sirène était tellement forte que ça m’a comme un peu rassuré: y aura pas un animal sauvage qui va trainer autour de la voie ferrée après ça.
On
s’est tassé sur le côté en attendant que le train passe, et on a réalisé qu’on
avait mis les pieds dans une super grosse talle de framboises. C’était fou! Une vraie
mine d’or! J’en avais jamais vu des aussi grosses! On est resté là pendant un
gros bout de temps à en ramasser le plus possible et à en manger autant qu’on
pouvait!... Mais comme j’avais encore en tête le vomi de Ben, ça me tentait pas trop d’être
malade comme lui, alors j’en ai mis plein dans mon tupperware à sandwich et
dans mon sac à carottes pour les manger plus tard.
Au
village, quand on est chanceux, on trouve des framboises sur le bord de la voie
ferrée derrière l’épicerie, mais il y a tellement de monde qui passe là qu’il n’en
reste jamais quand j’y vais. Mais ici, c’est clair que personne ne marche aussi loin pour
les cueillir... en fait, je me demande si quelqu'un s'est déjà autant éloigné du village!
"Let's go! on est presqu'arrivés!" me crie Fred.
"Let's go! on est presqu'arrivés!" me crie Fred.
On a
continué notre marche sur la voie ferrée et avec la chaleur et les pieds engourdis, je commençais à avoir hâte d'arriver à la plage du Domaine!
Je me suis arrêté pour enlever un caillou dans un de mes souliers et quand je me suis relevé la tête quelques secondes après, Fred avait disparu!
Je suis resté figé sur place. Sur le coup, j'ai vraiment pensé que Gendron avait peut-être pas tort finalement... les loups et les coyotes peuvent être super sournois et kidnapper leur proie sans que personne ne s'en rende compte.
"euh... Fred??"
Pas de réponse... j'ai même regardé dans les airs pour voir si Fred ne s'était pas fait attraper par un vautour.
Mais c'est là que j'ai entendu Cachou japper juste en bas des roches. Alors je me suis approché en courant (ou plutôt, le plus vite que j'ai pu, pour ne pas m'enfarger) et c'est là que la plage du Domaine est apparue!
C'était vraiment la plus belle plage que j'avais jamais vue!!! Parfaitement blanche, comme disait Fred et autant de sable que sur les plages du sud!
Fred était juste au bord de l'eau et me faisait des signes. J'ai descendu les roches et j'ai tout de suite enlevé mes souliers pour marcher pieds nus... faut dire que j'avais les pieds en compote, des débuts d'ampoules sur le gros orteil et les talons, et il ça prenait vraiment juste du sable brûlant pour que je me sente mieux!
On s'est baignés dans l'eau (toujours aussi froide) du fleuve, on a bouffé notre restant de framboises, on est restés sur la plage jusqu'à temps d'être complètement secs et on est retournés vers le village, par la berge, à marée basse.
C'est dur à expliquer, j'imagine qu'il fallait être là pour comprendre, mais malgré les ampoules, les jambes fatiguées, les piqûres de moustiques et les coups de soleil, je pense que ça a été la plus belle journée de mon été.
Vraiment, des fois je me demande pourquoi les gens préfèrent passer leurs vacances aux États ou en Europe. Je pense qu'ils ne savent juste pas qu'ici, à St-Jos, c'est vraiment le paradis.
Je me suis arrêté pour enlever un caillou dans un de mes souliers et quand je me suis relevé la tête quelques secondes après, Fred avait disparu!
Je suis resté figé sur place. Sur le coup, j'ai vraiment pensé que Gendron avait peut-être pas tort finalement... les loups et les coyotes peuvent être super sournois et kidnapper leur proie sans que personne ne s'en rende compte.
"euh... Fred??"
Pas de réponse... j'ai même regardé dans les airs pour voir si Fred ne s'était pas fait attraper par un vautour.
Mais c'est là que j'ai entendu Cachou japper juste en bas des roches. Alors je me suis approché en courant (ou plutôt, le plus vite que j'ai pu, pour ne pas m'enfarger) et c'est là que la plage du Domaine est apparue!
C'était vraiment la plus belle plage que j'avais jamais vue!!! Parfaitement blanche, comme disait Fred et autant de sable que sur les plages du sud!
Fred était juste au bord de l'eau et me faisait des signes. J'ai descendu les roches et j'ai tout de suite enlevé mes souliers pour marcher pieds nus... faut dire que j'avais les pieds en compote, des débuts d'ampoules sur le gros orteil et les talons, et il ça prenait vraiment juste du sable brûlant pour que je me sente mieux!
On s'est baignés dans l'eau (toujours aussi froide) du fleuve, on a bouffé notre restant de framboises, on est restés sur la plage jusqu'à temps d'être complètement secs et on est retournés vers le village, par la berge, à marée basse.
C'est dur à expliquer, j'imagine qu'il fallait être là pour comprendre, mais malgré les ampoules, les jambes fatiguées, les piqûres de moustiques et les coups de soleil, je pense que ça a été la plus belle journée de mon été.
Vraiment, des fois je me demande pourquoi les gens préfèrent passer leurs vacances aux États ou en Europe. Je pense qu'ils ne savent juste pas qu'ici, à St-Jos, c'est vraiment le paradis.
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C'était la dernière histoire de la saison! Ce ne fut pas toujours facile de garder le tempo que je m'étais fixé au départ, mais j'ai quand même eu beaucoup de fun à réaliser ce petit projet qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années déjà... J'espère que vous avez apprécié et, qui sait, on se retrouvera peut-être l'année prochaine?
Louis-Guy